Armes non létales : un projet de société mutilante

Le temps d’un colloque, la campagne Stop Armes Mutilantes, lancée fin 2019, a réuni à Montpellier ce samedi de nombreux collectifs, associations et ONG qui luttent contre les violences policières et soutiennent celles et ceux qui les subissent. Plus d’une soixantaine de personnes sont passées dans la journée et la rencontre a été suivie par plus de 7500 personnes sur le compte Twitch du journaliste David Dufresne, spécialisé dans le maintien de l’ordre.

« Aujourd’hui l’utilisation d’armes mutilantes par la police, c’est partout et tout le temps », déplore Bruno Alonso du collectif Stop Armes mutilantes, à l’initiative de la journée. Une banalisation que le colloque « Armes policières mutilantes : analyses et combats », co-organisé par des associations (Acat, la Cimade, LDH), des collectifs (Assemblée des blessés, Désarmons-les, Mutilés pour l’exemple, Observatoire des street-médics) et des syndicats (SAF, Solidaires) entend contester ce samedi 2 juillet. Pour autant, Bruno Alonso l’admet : « il y a eu une actualité au moment des Gilets jaunes qui a mis les armes mutilantes au-devant de la scène. Cette actualité a un peu diminué ». Alors que les lanceurs de balles de défense (LBD), les grenades de désencerclement et les grenades assourdissantes équipent toujours les forces de l’ordre qui continuent d’en faire usage. De plus, le lourd bilan des personnes mutilées et blessées physiquement et psychiquement à vie par ces munitions ne s’est pas effacé.

Depuis l’introduction du Flashball en 1999, d’abord utilisé dans les quartiers populaires, près de 70 personnes ont été éborgnées en France, dont une trentaine pendant le seul mouvement des Gilets jaunes, rappelle le collectif Stop Armes mutilantes. Une des raisons pour lesquelles ce dernier conteste le caractère non létal de ces armes, avancé par le ministère de l’Intérieur pour justifier leur utilisation : « elles provoquent des morts (Rémy Fraisse en 2004, Zineb Redouane en 2018,

Steve Maïa Caniço indirectement en 2019), des mutilations physiques à vie au niveau des yeux, du crâne, des mains, des pieds et d’autres organes ». Sans que parallèlement le nombre de personnes tuées par des policiers faisant usage de leur arme de service ne diminue. Bien au contraire.

Le média Basta enregistre une surenchère des violences policières depuis 5 ans. Mais ce triste bilan n’a pas modifié la doctrine du Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) faite depuis plusieurs années, au moins depuis la loi Travail, de « face à face » et de « contacts » avec les manifestant·es. Pas plus que les demandes de moratoire ou d’interdiction formulées par le  Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme ou le Défenseur des droits en France

Retrouvez en cliquant sur les liens ci-dessous, nos compte-rendus du colloque Armes Policières Mutilantes :

Partie 1 : La militarisation de la police et ses conséquences irréversibles

Partie 2 : Le parcours difficile des victimes à travers la fabrique de l’impunité

Partie 3 : Faire interdire les armes non létales : quelles solutions collectives ?







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