Le succès de la première marche lesbienne à Montpellier

Il est 19h quand les premier∙ères manifestant∙es se rassemblent sous la statue de Louis XIV, en plein milieu des jardins du Peyrou. Avant même que les prises de paroles commencent, les drapeaux colorés et les quelques pancartes attirent la curiosité des personnes qui passent à proximité. Ce 26 avril marque la journée de la visibilité lesbienne. Quelle est la place des lesbiennes dans l’espace public ? Marginale évidemment. Quelles représentations, quels modèles, hors des stéréotypes, sont accessibles dans l’espace médiatique pris à son sens le plus large ? Eux aussi sont peu nombreux. Alors à celleux qui se poseraient la question, voilà la raison d’être de ce genre de mobilisation. Pour ne pas oublier que les lesbiennes vivent une double oppression. En raison de leur orientation sexuelle d’abord, mais aussi de leur genre. Leur existence même constitue une menace pour notre système hétéropatriarcal.

C’est pour asseoir cette menace qu’iels étaient près de 200 militant∙es à déambuler, pour la première marche lesbienne de Montpellier. Depuis le Peyrou jusqu’à l’esplanade Charles-de Gaulle, lesbiennes, bi, pan, étaient réuni∙es en non-mixité pour crier slogans et chants militants, sous les yeux parfois surpris des passant∙es. Crier leur solidarité, crier pour lutter, crier pour exister. Alors, laissons-leur la parole.

« Nous luttons contre les différents systèmes de domination raciste, de classe validiste et transphobe. Dans ce contexte de montée de l’extrême droite, nous nous souvenons que notre engagement est aussi antifasciste. Nous constatons et refusons l’instrumentalisation des lesbiennes et du féminisme à des fins transphobes, putophobes et racistes par l’extrême droite et les TERFs [féministes revendiquées qui excluent les personnes trans de leurs luttes, NDLR]. Nos existences sont flamboyantes contre la morale des réactionnaires et des fachos. Elles sont souvent invisibilisées et ce même dans nos milieux LGBT. Nous existons. »

« Nous ne nous effacerons pas et nous revendiquons pour nous, en tant que concerné∙es ou allié∙es une lutte active contre la lesbophobie institutionnelle et quotidienne, une lutte contre la fétichisation de notre orientation sexuelle et/ou romantique. Nous exigeons la PMA pour toustes, gratuite et sans condition, la libre disposition des gamètes, le libre choix d’appariement pour les personnes racisées afin qu’elles puissent construire des familles qui leur ressemblent, la reconnaissance anticipée, la PMA pour les personnes trans. »

« Nous revendiquons une lutte active contre les thérapies de conversion, qui passe par la destitution du corps médical qui promeut des thérapies et par la mise en place de cellules de soutien, de thérapies gratuites pour les rescapées. Nous exigeons la reconnaissance des visibilités de nos exigences dans l’éducation à la sexualité. »

« Nous voulons une meilleure formation des soignants et soignantes pour un meilleur accès à la santé, l’arrêt des mutilations des personnes intersexes, l’abrogation de la loi pénalisant les client∙es de travailleuses et travailleurs du sexe et la décriminalisation du travail sexuel, l’accès libre et gratuit à tous les actes médicaux et administratifs pour des personnes trans, l’égalité de traitement des demandeurs et demandeuses d’asile, entre autres, l’usage à tous les stades de procédure du genre et du prénom indiqué par la personne elle-même, la délivrance systématique de visas humanitaires à titre de demande d’asile aux personnes LGBTQI+. Nous demandons également la déconjugalisation de l’AAH et son augmentation. »

« Nous affirmons notre lutte contre le capitalisme qui exploite, isole, précarise les plus fragilisées, contre le capitalisme qui nous éloigne de la construction d’une société solidaire et accessible. Lesbiennes, bi, pan, continuons d’être fortes, continuons d’être fières, continuons d’être féministes, radicales et en colère. »







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