Montpellier : anatomie d’une insoumise

Si le premier tour des élections présidentielles, le 10 avril dernier, a donc accouché d’un second second tour Macron-Le Pen, Montpellier, comme en 2017, a préféré voter pour Jean-Luc Mélenchon. Cette fois-ci, l’Insoumis passe carrément la barre des 40 %. Ce qui fait de Montpellier la plus Insoumise des grandes villes de France. Tour d’horizon détaillé d’une ville plus à gauche que son maire.

L’abstention progresse encore, légèrement

À l’échelle nationale, le taux d’abstention au premier tour, s’il n’atteint pas le record de 2002 (28,40 %), progresse de manière significative, et passe de 22,23 % en 2017 à 26,31 % aujourd’hui. Quatre points de plus en cinq ans, malgré les enjeux, c’est inquiétant pour la démocratie. À Montpellier, on s’abstient toujours un peu plus que la moyenne nationale, mais la progression est moins brutale (de 25,04 % à 27,55 %).

Notre découpage de la ville

Pour analyser le vote montpelliérain, nous avons découpé la ville en 28 quartiers. Celui-ci est fait à partir du découpage de la Ville de Montpellier, avec toutefois quelques prises de libertés. Il nous semble par exemple inapproprié de classer Malbosc dans les quartiers Mosson ou Hôpitaux-Facultés. De même, certains bureaux étant à cheval sur deux quartiers différents, il a bien fallu faire des choix. Pour chaque zone, nous vous indiquons les bureaux de vote comptés, et nous vous invitons à consulter leurs emplacements précis sur le site de la mairie.

Les bureaux de vote : Mélenchon de partout

Sur les 139 bureaux de vote de Montpellier, Jean-Luc Mélenchon en remporte 127. Emmanuel Macron n’en gagne que 10, Marine Le Pen et Anne Hidalgo 1, avec pour chacune son charmant détail (lire plus loin). Mélenchon s’impose dans les 28 quartiers de notre découpage.

En 2017, déjà, Montpellier l’avait placé en tête (31,46 %) dans 105 bureaux sur 135. Macron en avait remporté 28, Fillon et Le Pen 1 chacun. Le futur président était arrivé en tête dans cinq quartiers (Antigone, Aiguelongue, Rives du Lez, Port-Marianne et Millénaire). Qu’il a donc tous perdus.

Mélenchon à 66,32 % à La Paillade et à 54,60 % à Celleneuve

C’est à la Paillade que Jean-Luc Mélenchon réalise son meilleur score : 66,30 % ! Carton plein dans les onze bureaux de vote. Avec 4747 voix, il y fait même mieux que l’abstention (4550 non votants), chose rare dans ce quartier qui est, rappelons-le, le plus peuplé, le plus pauvre, le plus jeune, et le plus abstentionniste de la ville (38,52 %). Et qui votait déjà largement Mélenchon en 2017 (à 43,79 %). Loin derrière, Emmanuel Macron (12,20 %) devance toujours de peu Marine Le Pen (11,75 %), avec des résultats en forte régression. Macron perd 422 de ses 1295 voix acquises en 2017 (de 18,77 % à 12,20 %), et Le Pen en perd 360 (de 17,40 % à 11,75 %). Vote utile oblige, les autres scores sont carrément ridicules. Le 4e, Éric Zemmour, n’obtient que 2,92 % des voix. C’est à la Paillade qu’il réalise son score le plus faible, ce qui est également le cas de six autres candidats (Macron, Roussel, Jadot, Pécresse, Poutou et Dupont-Aignan). La palme revient cependant à Valérie Pécresse, 9e avec 0,82 % des voix. Et la Républicaine peut remercier les Hauts de Massane, car le bas de la Paillade la mettait dernière, à égalité avec Nathalie Arthaud, à 9 voix sur 2672 (soit 0,34 %). Aux dernières municipales (1,56 % pour Alex Larue) comme aux précédentes présidentielles (5,90 % pour François Fillon), les Pailladins avaient déjà largement rejeté Les Républicains.

Dans une république de Celleneuve aussi, Jean-Luc Mélenchon aurait été élu dès le premier tour. À 54,60 %, il domine Macron et Le Pen (en baisse là aussi, de 4,41 et 1,58 points) dans le même ordre. Comme à la Paillade, il rafle l’intégralité des six bureaux de vote. C’est même au bureau 64, celui de La Pergola, que Mélenchon fait son record montpelliérain, avec 76,96 % des voix. Comme en 2017 (53,96 %). Petite curiosité : le quartier Celleneuve / Petit-Bard enregistre une (légère) baisse du taux d’abstention (31,63 % cette année, 32,40 % en 2017). Un cas unique sur les 28 quartiers de la ville.

Aux Cévennes, le mystérieux bureau 76 qui vote Le Pen

Dans l’ensemble, le quartier des Cévennes est celui dont le vote se rapproche le plus de celui de l’ensemble de la ville. Tous les candidats y sont dans le bon ordre et quasiment au même score (Mélenchon 42,04 %, Macron 21,69 %, Le Pen 11,09 %, Zemmour 6,97 %, Jadot 6,20 %, etc.).

Mélenchon reprend le bureau 103 (Combes, en haut de l’avenue du Père Soulas) à Macron et s’impose dans huit des neuf bureaux. Le neuvième est le bureau 76 (Goethe), qui s’offre à Marine Le Pen (28,69 %). Au lendemain du premier tour, le Midi Libre tentait sur son site de l’expliquer par la localisation du bureau, « entouré de trois quartiers prioritaires : Celleneuve, les Cévennes et Petit-Bard/Pergola » et – citant une habitante – « où règne une certaine insécurité avec, notamment, des bandes de jeunes qui viennent squatter les allées pour se défoncer ». Il s’agit surtout de l’ancien état-major de la gendarmerie régionale, reconverti en résidence (ce que le quotidien a pris soin de préciser depuis) et qui loge encore aujourd’hui beaucoup de militaires (ce que le quotidien n’a pas pris soin de préciser depuis). Ce n’est pourtant pas nouveau. Ce bureau, qui ne compte que 531 inscrits, était déjà le seul Bleu Marine en 2017. Elle y faisait même 31,23 % à l’époque. Mais cette fois-ci, elle a dû partager un peu avec Éric Zemmour, qui, avec 11,40 %, fait dans ce même bureau son meilleur score.

À La Martelle aussi, Mélenchon grapille un bureau à Macron (le 83, dans le triangle des rues du Mas Prunet, du Pont de Lavérune, et de la Voie Domitienne), qui conserve cependant le 113 (autour du rond-point Paul-Fajon). Pas de changement dans les deux autres bureaux (Spinoza 107 et 115), ni dans les deux de La Chamberte (Yat Sen 84 et 85), tous acquis à Mélenchon. Dans ces deux quartiers, les résultats changent peu, Mélenchon gagne plus de six points à la Martelle (32,42 %) et plus de huit à la Chamberte (36,04 %). S’ils perdent quelques voix, Macron et Le Pen y sont à peu près stables. Le premier fait 25,14 % à la Martelle et 24,45 % à la Chamberte, la seconde respectivement 16,42 % et 14,45 %.

Malbosc / Euromédecine : Mélenchon se renforce

Par rapport à 2017, le quartier Malbosc / Euromédecine compte un bureau de plus, le 139 (Yourcenar), à Malbosc, qui permet de désengorger un peu le 131 (Mitterrand), lequel comptait plus de 1500 inscrits. Pour ce qui est du vote, la zone est stable, Mélenchon remporte les cinq bureaux, prenant sept points (40,88 %) par rapport à 2017, quand Macron en perd cinq (20,88 %) et Le Pen (13,50 %) un. Zemmour (6,85 %) devance Jadot (6,33 %) de peu pour la quatrième place.

Hôpitaux-Facultés : 7/7 pour Mélenchon

Carton plein pour Mélenchon aussi dans le quartier Hôpitaux-Facultés et au Plan des 4 Seigneurs. Un 7/7 dans les bureaux de vote grâce à la bascule du bureau 104 (Morisot, derrière les hôpitaux Lapeyronie/Arnaud de Villeneuve), que Macron avait gagné pour sept voix en 2017 et que Mélenchon reprend avec 141 voix d’avance. Pour l’anecdote, c’est dans ce quartier que Jean Lassalle fait son meilleur score (2,57 %).

À Aiguelongue, Macron récupère le bureau de Fillon, mais se fait quand même doubler

Aiguelongue, sa minuscule cité et ses belles demeures. Côté ouest de la rue de Montasinos (bureaux 28 et 29), Mélenchon l’emporte largement. Côté est, l’un des plus riches de la ville, Macron garde les bureaux 30 et 125, et récupère en prime le bureau 31 (Ferry), le seul remporté par François Fillon en 2017. S’il gagne la bataille des bureaux de vote (3-2), Macron, pourtant en légère progression dans ce quartier (57 voix supplémentaires, + 0,13 point), cède le quartier Aiguelongue (gagné avec 5 points d’avance en 2017) au profit de Mélenchon (30,35 % contre 28,94 %). En souvenir des Républicains, notons que Valérie Pécresse réalise son meilleur score à Aiguelongue, avec 5,38 % des voix (remboursable). En 2017, François Fillon obtenait ici son meilleur score (23,84 %), deuxième derrière Macron. Notons qu’Aiguelongue est le quartier où le taux d’abstention est le plus faible de la ville (21,91 % quand même).

Le Pen reste forte à la Croix d’Argent…

18,37 % à Ovalie, 18,92 % à Lemasson (à moins d’un point de Macron dans ces deux quartiers), 17,26 % à la Croix-d’Argent, et un plus anecdotique 14,73 % sur Estanove. Sur l’ensemble de ces quatre quartiers, Marine Le Pen réunit 17,38 % des suffrages. À 20,81 %, Emmanuel Macron n’est pas loin. Certes, sans progresser (de 20,82 à 19,91 %), le chef de l’Etat reprend la deuxième place à Le Pen dans le quartier Lemasson. Mais la cheffe du RN le devance encore dans six bureaux sur vingt-trois (Boulanger 81 à Estanove ; Boucher 108 à Ovalie ; Simenon 55, Garibaldi 57 et Voltaire 59 à Lemasson ; et Voltaire 60 à la Croix). Exactement les mêmes qu’en 2017 (moins le bureau 54, Camus, à Lemasson). Marine Le Pen perd donc un (tout petit) peu de terrain, mais elle reste forte.

Devant les deux abonnés du second tour, Mélenchon fait un triomphe. Il prend à Macron deux bureaux voisins : le 56 à Lemasson (Simenon, entre l’avenue de Maurin et la voie ferrée) et le 61 à la Croix d’Argent (D’Aquitaine, entre l’avenue de Maurin et l’arrêt de tram Croix d’Argent). L’Insoumis confirme aussi son Grand Chelem dans le quartier Ovalie/Grisettes, où s’est ajouté un sixième bureau de vote (Richier 136, entre la rue de Bugarel et le rond-point du Grand M). Au total, il remporte 22 bureaux sur 23, Macron ne conservant que le bureau 80 à Estanove (Churchill, entre le parc Montcalm et la Voie Domitienne). Et s’impose avec un bon 37,56 % sur l’ensemble des quatre quartiers, soit plus de seize points d’avance sur Macron.

… et deuxième à Près d’Arènes

Comme en 2017, c’est à Près-d’Arènes que Marine Le Pen réalise son meilleur score. À 21,72 %, elle est en baisse (24,95 % en 2017), mais elle met surtout Macron à sept points derrière. Celui-ci en perd six et fait avec 14,69 % son moins bon résultat, hors Paillade. Près d’Arènes est désormais le seul quartier de la ville à placer Le Pen devant Macron au premier tour (en 2017, il y avait également Lemasson). Tout en haussant Mélenchon à un remarquable 46,49 %.

En légère baisse partout, Le Pen reste à 15 % aux Aiguerelles et à 14,02 % à Saint-Martin. Macron y fait respectivement 24,75 % et 21,85 %. Ce dernier perd ses deux bureaux remportés en 2017 (mairie 47 aux Aiguerelles et Brel 52 à Saint-Martin) au profit de Mélenchon, qui remporte les onze bureaux de vote de la zone.

Au total, Mélenchon (38,25 %) devance largement Macron (22,10 %) et Le Pen (15,82 %), Zemmour (7,14 %) se place quatrième devant Jadot (5,37 %).

À l’est du Lez, Mélenchon double Macron, l’extrême droite progresse

Port-Marianne, les Rives du Lez et le Millénaire avaient tous trois accordé leur confiance à Macron en 2017. Et il ne manquait que 70 voix pour que la Pompignane fasse de même. À l’est du Lez, Macron avait alors remporté 9 des 11 bureaux de vote. Mélenchon, vainqueur des deux autres, lui en prend cinq cette année, et sort en tête dans les quatre quartiers. Pour autant, Macron réalise encore de gros scores. 29,45 % à Port Marianne (son meilleur score), 26,85 % au Millénaire, 26,02 % aux Rives du Lez et 23,95 % à la Pompignane. Soit 27,17 % des voix de « Montpellier-Est » pour le président sortant, pas loin de son score national (27,84 %). Pas loin non plus des 31,27 % de Mélenchon. Marine Le Pen, à 15,77 %, n’est pas en reste non plus. Elle progresse à la Pompignane (+ 0,62 %) et à Port Marianne (+ 1,94 %), et perd peu aux Rives du Lez (- 1,33 %) comme au Millénaire (- 0,27 %).

Curieux quartier que le Millénaire, où, en plus des 18,86 % de Le Pen, Zemmour et Dupont-Aignan font leurs meilleurs scores (respectivement 8,63 % et 2,17 %). Mélenchon y fait son moins bon résultat (28,58 %), ce qui ne l’empêche pas d’y arriver en tête de peu (27 voix d’avance sur Macron).

100 % pour Hidalgo !

Hidalgo au premier tour, Macron au second. On aurait pu croire que le seul vote du bureau 137, situé à l’Hôtel de Ville, était celui du maire Michaël Delafosse, soutien officiel de la candidate socialiste et Macron-compatible. Mais il s’agit en fait du bureau dérogatoire, dédié aux détenus de Villeneuve-lès-Maguelone et Béziers n’ayant pas choisi le vote par correspondance, ainsi qu’aux détenus récemment libérés. C’est l’un d’entre eux qui a apporté le seul vote parmi les 32 inscrits. Pour Hidalgo donc. Humiliée par son résultat national (1,75 %), la maire de Paris peut toujours se dire qu’elle a fait l’unanimité dans le bureau 137 de la ville de Montpellier. Pas sûr que cela la console…

Antigone bascule chez Mélenchon

Antigone bascule ! En 2017, le « quartier grec » avait opté pour Macron, qui s’imposait dans quatre des six bureaux de vote (Périclès 20, 21 et 110, De Gama 22). Mélenchon, déjà vainqueur des deux autres (Jaurès 39 et de Gaulle 117), les lui a tous pris. Il avait 228 voix de retard en 2017, il en a 572 d’avance cette année. De deux points de retard (27,60 contre 29,75 à Macron), il passe à presque dix d’avance (35,07 contre 25,64). L’autre fait notable est la progression de l’extrême droite. En 2017, Le Pen faisait 10,79 %. Elle est à 12,07 % cette année, auxquels il faut ajouter les 7,39 % de Zemmour. Sachant que Macron a perdu 218 voix en cinq ans et que Pécresse ne fait que 3,64 % (221 voix), on se demande où sont allés les électeurs de Fillon, qui faisait 17,21 % en 2017.

Les Aubes rouges

Aux Aubes, rien ne bouge. Élu dans les trois bureaux vote de l’école Jean-Moulin (32, 33, 34) avec 30,53 % des voix (25,11 % pour Macron) en 2017, Mélenchon conforte son avance et passe à 37,53 % (23,18 % à Macron). Dans un quartier peu peuplé (2278 voix), cela représente 55 voix perdues pour Macron, 146 gagnées pour Mélenchon. Quatrième, Jadot (7,99 %) devance Zemmour (6,28 %).

Jadot troisième aux Beaux-Arts…

Aux Beaux-Arts, l’arrivée d’un cinquième bureau de vote (le 138, au gymnase) a permis de désengorger un peu le bureau 25 de l’école Jules-Verne. Un bureau que Mélenchon, vainqueur d’une voix en 2017, perd… de deux voix, au profit de Macron. Mais Mélenchon creuse l’écart dans ce quartier où il faisait carton plein en 2017. Vainqueur de 8 points il y a cinq ans (33,99 cotre 25,39), Mélenchon creuse l’écart à 17 points (40,43 contre 23,41). Notons par ailleurs la bonne performance de Yannick Jadot, troisième (à 9,80 %) dans ce quartier qui fait toujours la gueule à Marine Le Pen. Cinquième en 2017 (à 9,04 %) derrière Hamon, elle est encore cinquième (à 6,77 %), cette fois derrière… Éric Zemmour (7,37 %).

… et aux Arceaux

Carton plein pour Mélenchon aux Arceaux, où il chipe deux bureaux de vote à Macron (Comte 98 et Mozart 99) en plus d’améliorer son score dans les trois autres bureaux déjà gagnés en 2017. Mélenchon gagne presque neuf points au total (de 30,39 % à 39,21 %), alors que Macron perd un peu (de 27,36 % à 26,60 %). Derrière Jadot, troisième à 8,78 %, Le Pen (6,63 %) et Zemmour (5,82 %) ne réunissent à eux deux « que » 12,45 %. Même en ajoutant le 0,91 % de Dupont-Aignan, cela fait des Arceaux le quartier le moins porté sur l’extrême droite. Enfin, on a presque envie de complimenter Pécresse pour son 4,85 %, là où Fillon faisait 21,51 % en 2017.

À Boutonnet, Macron reste fort, mais…

Macron reste stable et fort à Boutonnet, à 27,23 % (27,62 % en 2017). Pourtant, il perd les bureaux 14 (Condorcet) et 27 (Freud) au profit de Mélenchon, qui avait déjà les trois autres et gagne 587 voix, passant de 29,11 % à 39,24 %. Là encore, Jadot est troisième (8,27 %), devant Le Pen (7,90 %) et Zemmour (5,79).

Figuerolles et Gambetta restent Insoumis

Déjà fortement mélenchonistes en 2017, respectivement à 38,34 et 33,20 %, les quartiers Gambetta et Figuerolles confortent leur opinion. Mélenchon y récolte 47,15 et 41,67 % des voix. Les neuf bureaux de vote restent Insoumis. Loin derrière, Macron perd un peu (de 23,90 à 20,63 % et de 22,44 à 20,52 %), mais reste fort. Dans ces quartiers proches où les votes de ce premier tour se ressemblent, notons quand même que Gambetta préfère Jadot (8,37 %) à Le Pen (7,40 %), alors que Figuerolles préfère nettement l’inverse (13,04 % pour Le Pen, 6,98 % pour Jadot).

Écusson / Gare : Mélenchon prend dix points

Mélenchon gagne dix points dans l’Écusson. Le voilà à 43,33 % (34,42 en 2017), où Macron, à 24,34 %, est en baisse (26,31 en 2017). Comme aux Beaux-Arts, à Gambetta, à Boutonnet et aux Arceaux, Jadot est troisième (7,99 %). C’est dans l’Écusson que Le Pen séduit le moins (6,43 %). Elle s’y fait même griller la politesse par Zemmour (6,51 %), pour quatre voix (338 contre 334).

Quartier Gare aussi, Mélenchon gagne dix points. Il y fait même mieux que dans l’Écusson avec 45,79 % des voix (35,85 en 2017). Macron est là aussi en baisse à 20,60 % (23,28 en 2017), tandis que Le Pen retrouve le podium (8,62 %), devant Jadot (7,22 %) et Zemmour (5,59 %).

Montpellier l’insoumise

Au total, Mélenchon s’impose avec 40,73 % des voix. Il arrive en tête dans les 28 quartiers de Montpellier et gagne 12 578 voix en cinq ans. Avec 47 207 voix recueillies, le leader de La France Insoumise est même le seul candidat à faire mieux que l’abstention (44 817).

Derrière lui, Macron (22,45 %) et Le Pen (12,43 %) ont perdu respectivement 1161 et 260 voix. Pour autant, les 7731 voix de Zemmour (quatrième à 6,67 %) rappellent que l’extrême droite progresse et qu’elle prend une forme plus agressive.

Cinquième avec 6,18 % des voix, Yannick Jadot se hisse sur le podium dans plus de la moitié des quartiers du centre-ville, mais passé ce périmètre, il ne parle plus à grand-monde. C’est l’effet inverse pour Marine Le Pen, forte dans les quartiers périphériques de la ville (Croix d’Argent, Près-d’Arènes, Millénaire) et quasiment inexistante en centre-ville.

À gauche depuis 1977 et la première élection de Georges Frêche (un mois avant la naissance à Paris de Michaël Delafosse), Montpellier a clairement montré sa couleur politique en confortant son vote (de 2017) de plus de neuf points en faveur de Jean-Luc Mélenchon. C’est une vraie ville de (vraie) gauche. La candidate socialiste Anne Hidalgo, soutenue par le maire de Montpellier Michaël Delafosse et la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, censés incarner l’avenir du PS, ne recueille ici que 2,30 % des voix.

Le second tour : tous contre Le Pen

D’abord, soulignons quelques chiffres sur la participation montpelliéraine. 11 263 électeurs du premier tour ont déserté le second. Ainsi, l’abstention, qui s’élevait à 27,55 % au premier tour, passe à 34,50 %. Parmi les grandes villes françaises, seule Marseille fait pire (35,35 %). Par rapport au premier tour, Montpellier compte également 6002 votes blancs supplémentaires dans les urnes (7386, soit 6,93 % des suffrages tout de même). Autant dire que l’affiche du second tour n’a pas plu aux électeurs montpelliérains. Seuls 34,48 % d’entre eux avaient choisi Macron ou Le Pen au premier tour. Enfin, petite curiosité : Montpellier a gagné 72 électeurs inscrits entre le premier et le second tour.

Le scrutin maintenant : comme en 2017, l’intégralité des 139 bureaux de vote montpelliérains ont préféré Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Mais cette fois, il s’en est parfois fallu de (très) peu. De huit voix seulement au bureau Goethe 76 (166 à 158), le seul à avoir mis Le Pen en tête au premier tour. De quatre voix (232 à 228) au bureau Caillens 126, à Près-d’Arènes. Et même d’une seule voix (271 à 270) au bureau Garibaldi 57 de Lemasson ! À l’inverse, Macron réalise son meilleur score dans le bureau Pagézy 5, autour de l’église Sainte-Anne (87,27 %).

Pour ce qui est des quartiers, Macron fait ses plus gros scores aux Arceaux (82,42 %), dans l’Écusson (82,39 %) et à Gambetta (80,83 %). Marine Le Pen, elle, trouve les siens à Près d’Arènes (42,01 %), au Millénaire (39,47 %), et à Lemasson (38,44 %).

Au total, pour ce second tour, Montpellier place Macron à 72,17 % et Le Pen à 27,83 %. Le score était bien plus large en 2017 (77,67 % / 22,33 %). Mais la défaite de Le Pen reste nettement plus lourde à Montpellier que dans l’ensemble du pays (Macron a été élu à 58,55 % contre 41,45 %). C’est toujours ça.

Le « troisième tour » dans moins de deux mois

Les élections législatives auront lieu les 12 et 19 juin prochains. Souvent présentées comme « le troisième tour », elles permettront aux citoyens de désigner les députés et de donner (ou pas) au président une majorité à l’Assemblée nationale. Divisé en neuf circonscriptions (dont cinq concernent Montpellier), le département de l’Hérault compte actuellement sept députés LREM (Patricia Mirallès, Coralie Dubost, Jean-François Eliaou, Philippe Huppé, Christophe Euzet, Nicolas Démoulin et Patrick Vignal), une LFI (Muriel Ressiguier), et une RN (Emmanuelle Ménard). Notons également que c’est Le Pen qui est arrivée en tête des suffrages héraultais au premier tour (25,95 %, devant Mélenchon à 24,24 % et Macron à 22,28 %). Ceux qui n’ont pas aimé le résultat des présidentielles savent ce qu’il leur reste à faire.







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