Carnaval de la Plaine – De la magie populaire aux violences policières

Le week-end du 19-20 mars à Marseille a été riche en événements politiques. Le samedi après-midi, quelques centaines de personnes ont participé à la manif des Gilets Jaunes. Ensuite, en prélude au 23e Carnaval indépendant, la Plaine a accueilli la grande déchetterie et le défilé des ordures. L’événement comptait aussi une auto-friperie, pour rendre réalisables les fantaisies des costumes les plus étranges et les plus exotiques. Il y avait également des jeux, des tarentelles, du raï, des fanfares, du rock’n roll, un modeste bar et un four à pizzas.

Plusieurs centaines de personnes ont célébré à minuit le début du carnaval, et l’on pouvait déjà voir des costumes spectaculaires. Plusieurs lieux disséminés sur la place Jean-Jaurès proposaient de la musique pour tous les goûts. Bref, une ambiance amicale, joyeuse, remplie de retrouvailles entre des personnes venues de partout de France, une soirée qui s’est terminée très tard…

Le lendemain, vers 15 h, nous avons assisté au traditionnel jugement des représentants publics et du mauvais gouvernement. La gentrification de la Plaine a été le thème principal : la spéculation immobilière, les dizaines de caméras qui surveillent 24h/24 les résidents, et les magasins pour les touristes…

Malgré cette « rénovation » pensée pour le bifton et pas pour les habitants, la grande joie de cette année est le retour à Plaine. Les travaux de la place étant terminés, le carnaval peut retrouver son parcours d’origine : départ de la Plaine, puis Noailles, Réformés et retour à la Plaine. Selon des sources populaires, plus de 8 000 personnes ont participé au carnaval alternatif, indépendant et politique de la Plaine.

 

Les violences policières débordent

Si le carnaval était rempli d’empathie et de joie, l’intervention de la police transpirait de violence. Les ordres de celles et ceux qui dirigent la ville de Marseille, suivent le rite de la répression et punition in situ. Si quelques dégradations mineures sont à signaler du côté des participant.es, les violences policières ont débordé. Au-delà d’un usage massif de grenades lacrymogènes, du côté des compagnies de la gendarmerie les coups de matraque n’ont pas manqué. Les agents de la Bac ressemblaient plus à une milice d’extrême-droite (sans brassard ou autre signe d’identification). Ils ont agressé violemment, à plusieurs reprises, des participant.es, sans toujours que celles et ceux-ci ne soient interpellé.es, faisant régner la loi de la jungle. Dans la confusion et la chasse aux manifestant.es, au moins six personnes ont été interpelé.es, et d’autres frappé.es, puis relâché.es. Si l’adjectif « accablant » résume la fin d’une fête populaire cassée par les violences d’État, le mot « ACAB », souvent prononcé par les participant.es, finit par sortir des milieux d’extrême gauche et intègre le vocabulaire populaire.

Coups au visage, au dos, au ventre, coups de matraque à la tête, au dos, coups de pied au ventre… Les images suivantes concernent les moments où les gendarmes et la brigade anti-criminalité passent à tabac gratuitement les participant.es, sans les interpeller comme la procédure le demande. Une habitude récurrente dans le maintien de l’ordre, qui exacerbe son caractère violent en France.

Ces images sont disponibles sur notre reportage vidéo, que vous pouvez visionner pour avoir une idée plus claire du contexte.







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