Drôle d’ambiance dans le cortège de la manif antipass sanitaire cette semaine. Chants, déguisements, tambours et slogans gilets jaunes donnent un étrange mélange. Alors qu’à 14 heures, sur le parvis de l’Opéra, en cette veille d’Halloween, une mise en scène organisée par les CHU de Montpellier, Nîmes et Perpignan, se joue sous les yeux de plusieurs centaines de manifestant∙es, un autre pan des personnes présentes trépignent d’impatience. Le micro circule, comme à l’accoutumée, mais cette fois, certain∙es s’agacent. « Je suis obligé de prendre mon mégaphone parce qu’on ne veut pas me laisser le micro », s’agace un manifestant, ce qui sera vite démenti par les responsables de la sono.
La manifestation démarre. « Attention, attention, les sorcières et les sorciers sont dans la rue. Craignez les mauvais complotistes. » Le parallèle est évident, derrière les costumes et la musique, les antipass dénoncent une véritable chasse aux sorcières. Mais cette ambiance festive n’est pas du goût de tout le monde. Alors que les soignant∙es se rassemblent de nouveau devant la Préfecture pour danser, une partie du cortège décide de continuer son chemin, non sans provoquer quelques altercations. « Ils n’ont pas à nous imposer le parcours, s’oppose un partisan de la fête. On va de l’autre côté. » Bagarre pour prendre la tête, slogans contre musique, c’est presque deux manifs pour le prix d’une.
Alors que quelques milliers de personnes sont encore là chaque semaine pour soutenir le personnel soignant suspendu depuis plus d’un mois et demi, et qu’une forme d’organisation semble plus visible, la mobilisation se heurte à des désaccords en ce qui concerne la posture à adopter. Pour certain∙es, pas question de faire la fête, c’est complètement inutile. Pour d’autres, c’est un moyen de sortir de l’abattement qui menace de les gagner. La question est maintenant de savoir si iels arriveront à cohabiter.
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