Face à l’extension du “pass sanitaire”, Montpellier se réveille

Il y avait comme une petite odeur nostalgique de Gilets jaunes à Montpellier, ce mercredi 14 juillet, alors qu’une manifestation spontanée, organisée depuis les réseaux sociaux, s’est produite comme dans nombre de villes en France. Évidemment, de nombreuses personnes issues du mouvement fluo étaient présentes pour manifester leur colère face à la généralisation du passe sanitaire aux activités les plus quotidiennes, prenant le goût prononcé d’une forme de vaccination obligatoire (lire à ce sujet ce très bon papier d’un confrère du Poing). Mais beaucoup d’autres présentaient des visages inconnus des terrains de manifestation, et sont venues répondre bruyamment aux claquements des bottes militaires et policières ce matin sur les Champs-Élysées.

Parmi cette population venue exprimer son mécontentement à ce que certain·es considèrent comme une “dictature sanitaire”, se mêlaient allègrement anti-vaccins et vacciné·es, uni·es contre le coup de force autoritaire d’Emmanuel Macron, imposé sans consultation, comme à l’habitude, du Parlement ou des corps intermédiaires. L’extension du pass sanitaire aux lieux de culture, bars, restaurants, centres commerciaux, etc, semble en effet faire l’unanimité contre elle, tant elle vient bafouer les principes les plus fondamentaux du contrat social républicain. Un constat partagé par une large partie du spectre politique, jusque dans les colonnes du Figaro… L’effet d’annonce du président Macron en a presque fait oublier la fin de son intervention consacrant l’ambition de repousser l’âge de départ à la retraite et mener à bien sa réforme.

À Montpellier, on a pu entendre quelques slogans ou assertions un peu tendancieuses, des huées sporadiques contre des personnes masquées, ou constater chez de (rares) manifestant·es, le port d’étoiles de David portant la mention “Non-vacciné”, référence historique peu pertinente et naturellement prompte à faire débat. Toutefois, l’ambiance générale au sein de la manifestation témoignait d’une diversité bien plus large, de plus de pondération et de sens politique. Certaines pancartes mettaient ainsi le doigt sur le déni de démocratie du pouvoir ou l’enrichissement indécent des grandes fortunes du capitalisme français à la faveur de la crise. Un certain nombre de soignant·es, qui se voient imposer la vaccination, était également présent et honoré par le cortège.

Environ 1500 personnes au plus fort ont ainsi déambulé à travers les rues du centre-ville, répétant inlassablement “Liberté, liberté, liberté!“, sous l’oeil d’un dispositif policier très léger. Contrairement à d’autres villes comme Lyon ou Paris, où les forces de l’ordre – et notamment leurs unités d’intervention – étaient plus massivement présentes, le cortège n’a été émaillé d’aucune violence. Sans doute une coïncidence. Un manifestant a cependant été interpellé suite à des tensions, après que le cortège ait tenté de pénétrer, sans succès, dans la gare Saint-Roch. Un policier a été blessé lors de cette interpellation.

Photographies: Photocratie
Vidéos: Tom K.

 

 







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