Loi Sécurité Globale : la manifestation du samedi 16 janvier partira de la Paillade

Ce mardi matin, le collectif Danger Loi Sécurité Globale, constitué le 16 novembre dernier et fort de plus d’une soixantaine d’organisations, a tenu une conférence de presse, au Club de la Presse, pour annoncer les prochaines manifestations des 16 et 30 janvier.

Pendant la « trêve des confiseurs », le collectif Danger Loi Sécurité Globale a organisé plusieurs opérations de tractage sur les marchés, dans le cœur de ville, en banlieue, à la Paillade et dans l’arrière-pays. En plus des 10.000 tracts distribués, « on a ressorti notre drone géant pour que les gens visualisent ce qu’il se prépare », explique Sophie Mazas, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme. « On a reçu une dizaine de sénateurs, en présentiel et en visio, pour voir comment eux appréhendaient cette proposition de loi et ce que nous voyons comme une dérive autoritaire, complète Jean-François Garcia, vice-président du Club de la presse. Beaucoup ont admis qu’il fallait qu’eux-mêmes s’informent, sur ce qu’il se passe dans les rues, et sur les métiers du journalisme. On a senti qu’ils étaient un peu largués, que ce n’était pas dans leur priorité, et c’est quand même dommageable. On est journalistes, on veut le rester, on veut faire notre travail librement. » Et pour cela, continuer à « s’investir contre ce projet de loi, c’est quasiment vital ».

Comme toutes les autres organisations du collectif, « le Club de la presse s’est mobilisé sur l’intégralité de la loi, pas seulement l’article 24 », rappelle Sophie Mazas, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme, qui détaille « quatre grands axes ». L’interdiction de filmer les violences policières ; le pouvoir donné aux agences de sécurité privées ; la possibilité pour la police de traiter et scénariser les images filmées par leurs caméras-piéton et de faire de la reconnaissance faciale ; et la surveillance partout tout le temps, avec les drones.

Marie-France Carruezco, du collectif Taramada, qui défend les victimes de violences policières, a insisté sur l’importance du droit de filmer. « Si on n’a pas les vidéos qui prouvent [que les victimes] ne faisaient rien, on ne pourra jamais les défendre ». Et on ne pourra jamais attaquer. C’est grâce aux images filmées par un voisin qu’Houda Gabsi, du collectif Justice pour Mohamed, espère obtenir justice. Trois policiers ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire grâce à elles. Mohamed Gabsi, 33 ans et père de trois jeunes enfants, est décédé le 8 avril dernier lors d’un contrôle pour non-respect du confinement. Ce n’était « que » la police municipale, mais c’était à Béziers, la ville de Robert Ménard, dont l’idée de milice, qui avait tant fait scandale il n’y a pas si longtemps, pourrait donc devenir la norme. Appelez-la juste « agence de sécurité privée ».

Pour Sophie Mazas, dans ce collectif qui compte plus d’une soixantaine d’organisations, il « était important qu’on soit tous d’accord sur l’objectif, qui est le retrait total de la loi ». Et que tous « voient le danger d’une mise en place d’une société de surveillance totale ».

Ce samedi 16 janvier, le cortège partira à 11 heures du théâtre Jean-Vilar, dans le quartier de la Paillade. Un choix qui fait doublement sens. Déjà, c’est au-dessus de la Paillade qu’on a pu apercevoir des drones, pendant le (vrai) confinement. « C’est sur eux qu’ont été testés ces mécanismes de surveillance totale et globale, et en dehors de toute autorisation, rappelle Sophie Mazas. Les mécanismes de contrôle sont le plus souvent mis en place dans les quartiers populaires ». Et puis, « là-bas, les violences policières sont dénoncées depuis trente ans. On trouve ça important d’y aller ». Des haltes sont prévues (tram Mosson, esplanade Léo-Malet, devant la Sécurité sociale et entre la Com’ et l’Esplanade) avec des prises de parole thématiques.

Samedi 30 janvier, la manifestation s’accompagnera d’une scène ouverte de 13 à 17 heures, avec notamment de la musique électro car « le mouvement des free party s’est joint à nous et fait l’objet de répression ». Il y aura bien sûr plusieurs prises de parole, et deux débats, sur les thèmes « loi sécurité globale et reconnaissance faciale » et « loi sécurité globale et autres lois liberticides ».







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