Comme avec Le grand débat en son temps, en occupant l’espace médiatique pour camoufler la crise des Gilets jaunes et leurs exigences de justice et de démocratie, le gouvernement vient tenter de pallier une gestion de crise sanitaire catastrophique par le déroulement d’une fable exégétique alternant entre déni inaltérable des faits et lissage flatteur de la réalité. Comme il faut toujours présenter au bon peuple un semblant de solutions aux problèmes qu’on crée, on finit donc par annoncer un nouveau Ségur de la Santé… encore une de ces brillantes idées du si communicatif macronisme ?
Le duo Macron-Philippe se pense sans doute comme un package marketing fort abouti du système en plein écroulement moral dont il s’abreuve aux mamelles. On ne manquera donc pas cette nouvelle opérette aux multiples protagonistes (mais toujours les mêmes) relayée tous azimuts par les copains massmedia.
Le monde médical constate que l’épidémie semble trouver son terme en France, et de nombreuses voix appellent déjà à accélérer le déconfinement, alors que les courbes ne cessent de baisser. La reprise quasi-totale d’une vie bâillonnée par des masques chirurgicaux ne dissimule pas le jugement accablant des Français.es, et déjà les samedis après-midi se remettent à frétiller, des rassemblements interdits rassemblent des milliers de personnes, et il y a comme un parfum de printemps social dans l’air.
Pantalonnade et effets de manche
Le choix de Nicole Notat, ex-“tsarine” de la CFDT, pour présider ce Ségur de la Santé augurait mal d’un quelconque espoir possible vers une prise en compte humaniste des besoins et des contraintes d’un vrai système de santé, pas plus qu’un renoncement à sa libéralisation. Dans les éléments de langage de l’exécutif, les promesses mirobolantes pleuvent : “revalorisation des salaires, temps de travail, plan d’investissement massif et refonte de l’organisation du travail” mais ne consacrent pas de vision nouvelle adaptée aux nécessités du monde de la santé d’aujourd’hui, révélées par l’ampleur d’une pandémie mondialisée.
On attend d’en voir la traduction politique par un gouvernement qui a prêté 7 milliards d’euros sans conditions à Renault, et dont on perçoit déjà de premiers effets de manche : exclusion de certaines catégories de personnels de la négociation (paramédicaux, internes), revalorisation salariale qui compense à peine le gel des salaires pendant dix ans, “fluidification” des 35h. Jeudi, le syndicat Sud claquait la porte des négociations, dénonçant une “parodie”.
Alors que l’utilisation répressive de la police sous l’ère Macron vient d’imploser dans une réalité violente, conjuguant plus que jamais banlieues et gilets jaunes, nous ne sommes qu’au début de cette séquence qui concerne aujourd’hui le secteur de la santé et va venir soulever à quel point les fondements économiques néfastes qui dirigent les politiques libérales menées depuis des décennies se basent sur l’exploitation la plus exhaustive possible de nos vies.
A cet égard, le discours d’alerte de nos soignants vient contredire et combattre la logorrhée manipulatrice du gouvernement, et ces mardis de la colère à Montpellier, tout comme les multiples mobilisations autour des CHU sur tout le territoire, viennent préparer le terrain de celle du 16 juin, qui risque bien de marquer la première pierre d’un tsunami social à la rentrée, dont une police et une justice en crises de défiance ne sauraient protéger bien longtemps le gouvernement des retours de bâton. Partout sont l’indignation et l’incrédulité. Les milieux militants frémissent, et de nouvelles parts de la société civile se réveillent et s’organisent dans une volonté nouvelle. Comme une inédite pandémie, se répand la conscience des enjeux globaux intrinsèques à notre réalité en tant qu’êtres humains, à l’orée du 21ème siècle. Et il n’y a pas de doute que nos gouvernants actuels n’en ont pas le vaccin.
Troisième mardi de la colère à Montpellier
La CGT-CHU de Montpellier organise son troisième mardi de la colère (événement Facebook), ce 9 juin prochain. Rendez-vous est donné sur le rond point de Lapeyronie (tram ligne 1) pour partager un pique-nique colérique, consacré cette semaine au thème du “Ségur de la Santé”, “censé calmer la grogne des hospitaliers dans un contexte de gestion hasardeuse de la crise sanitaire.“
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