Ce jeudi 30 janvier 2020 a eu lieu l’ouverture de la 47e édition du Festival de la Bande Dessinée à Angoulême, réputé à l’international pour être le rendez-vous annuel des professionnels et amoureux de la BD. Dans les rues pavées de la vieille ville, ainsi qu’aux terrasses des cafés on ne croisait plus que des festivaliers, des auteurs et artistes en train de dessiner, de dédicacer, et de parler dessin. Cette première journée était toutefois contrastée entre mouvements sociaux et déambulation maîtrisée d’Emmanuel Macron sur les lieux du festival.
Une manifestation organisée par les syndicats s’est formée dans la matinée, partant de la gare pour se rendre jusqu’à l’Hôtel de ville, où le Président de la République se trouvait plus tôt pour faire son discours d’ouverture. Mais le cortège à peine s’est-il dirigé vers l’hyper-centre, qu’il s’est fait stoppé par la gendarmerie le temps qu’Emmanuel Macron puisse sortir de l’Hôtel de ville sans encombres. Les manifestants majoritairement syndiqués, scandant des chants et slogans, se sont retrouvés nassés devant le bâtiment, ne sachant pas si le Président de la République s’y trouvait encore. Après environ 1h30 sur place, ils se sont vus raccompagnés par la gendarmerie jusqu’à la gare.
La journée s’est poursuivie sur le parvis de la Cité de la BD, un des lieux d’expositions du festival, où une horde de journalistes attendait la sortie d’Emmanuel Macron du bâtiment, afin de prélever quelques tournures linguistiques présidentielles. La Mule, assistant à la ferveur des manifestants dans la matinée, s’attendait à retrouver ceux-ci à cette occasion, prêts à accueillir le Président.
Mais sur place, rien. Pas un poil de chat de manifestant ! En cherchant bien, la Mule est tombée sur une militante d’Extinction Rébellion, qui s’est faite gentiment remercier et extraire des lieux « afin que tout se passe bien » pour la sortie médiatisée de Monsieur Macron. Un deuxième civil arborant de longues dreadlocks s’est fait mettre au banc par un agent de la BAC, toujours pour faire en sorte que tout se passe bien, or il s’avère que cette personne attendait sa conjointe et n’avait pas la moindre envie de perturber l’événement.
La Mule a donc filmé cette apparition très banale et inintéressante d’Emmanuel Macron pour éviter de se sentir désoeuvrée, mais ne s’attardera pas dessus.
Néanmoins un problème reste à être soulevé. Le dispositif de sécurité mis en place pour la venue d’Emmanuel Macron à Angoulême était tellement important qu’en se rendant au festival, c’était la ville qui s’adaptait à lui. Effectivement les routes qui se trouvaient dans le périmètre étaient totalement bloquées, avec des contrôles policiers pour les piétons sur le trottoir (fouille des sacs, etc), et certaines rues étaient même rendues inaccessibles aux piétons. Le monde avec lequel notre président est en contact est contrôlé, trié, sélectionné, maîtrisé, par sa police.
Entre les rues bloquées, les piétons contrôlés, les quinze gardes du corps, les journalistes qui lui courent après en silence, et sans oublier sa clique d’oligarques, Emmanuel Macron est constamment dans une bulle de sur-protection. Ainsi, comment pourrait-il représenter un peuple qu’il ne rencontre jamais ?
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