[Portfolio] – Les “dur·es à queer” marchent à Montpellier

Marcher, pour exister. Marcher, pour revendiquer son identité. Marcher, pour crier haut et fort sa résistance face aux attaques incessantes de l’ensemble de la société. Dimanche soir, ielles étaient près de 400 réuni∙es à Montpellier lors de la Queer March, une mobilisation LGBTQI+ placée sous le signe de l’inclusivité. Du Peyrou au Monument aux morts de l’esplanade Charles-de Gaulle, ielles ont traversé le centre-ville, drapeaux et pancartes fièrement levés, marquant un arrêt devant la préfecture. « Politique et populaire ». Loin de la pride traditionnelle – maintenue en septembre prochain cette année – les revendications ont, cette fois, une portée plus large et intersectionnelle. Violences psychiatriques, validisme, transphobie ou putophobie, les témoignages de discriminations sont nombreux. Ielles accusent la société, les gouvernements, les Etats, qui, à l’instar des grilles verrouillées de la préfecture devant lesquelles les militant∙es se déchargent un peu des poids qui les assaillent, restent impassibles aux souffrances de milliers de personnes.

C’est comme une respiration. Une bouée de solidarité jetée dans l’océan de la haine. Des sourires sur les lèvres et des voix qui s’élèvent. Ensemble. Uni∙es. Et solidaires. Tête haute et regard droit, ielles avancent, fendant la foule de passant∙es qui s’écarte sur leur passage. Puissant∙es. À ce moment-là, ielles sont puissant∙es.

Beaucoup sont là. Celleux qu’on n’entend pas. Ou plutôt celleux qu’on refuse d’écouter. Mais ielles sont bien là. Opprimé∙es parmi les oppressé∙es, ielles prennent la place qu’on ne leur laisse habituellement pas, là, dans le cortège de tête. Pourvu que ça dure.

Ielles parlent, on les écoute. Les mots résonnent dans les esprits de l’auditoire, alors que seul le bourdonnement incessant de la circulation vient polluer les déclamations des militant∙es. Mais très vite, dès que l’on s’éloigne, ce sont les chants et les cris qui reprennent le dessus.

Pour certain∙es, c’est la première fois. La première fois qu’ielles se lèvent et confient au mégaphone leurs histoires, leurs déchirures et leurs espoirs. Le courage les pousse à s’exprimer, la bienveillance ambiante à ne plus s’arrêter.

Et il y a les absent∙es. Celleux qui ne sont pas – ou plus – là. Celleux qui auraient dû être là. Une minute de communion est observée. Certain∙es ont les yeux clos. D’autres visages se ferment. À quoi pensent-ielles ?

« Sous les paillettes, la rage. » Ce n’est pas une fête, c’est une lutte. Une lutte colorée, à l’image de ses activistes qui la portent à bout de bras, pour que partout, elle prenne  place dans les rues et les esprits. Une lutte acharnée, dont l’idéal d’un monde plus équitable, où chacun∙e pourrait trouver sa place sans que celle-ci ne soit continuellement niée ou contestée, nourrit l’ardeur et l’entêtement de ses militant∙es. Une lutte vaste, profonde, et un jour peut-être, victorieuse.







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