“Pas de paix dans le monde sans justice à Gaza” : 600 personnes défilent à Montpellier

Ielles étaient plus de 600 à défiler dans les rues de Montpellier samedi après-midi. 600 à marcher pour dénoncer les violences que subit le peuple palestinien depuis des années. 600 à protester contre les gouvernements du monde entier, qui ferment les yeux sur les crimes d’Israël. Initialement prévue au départ de la Comédie vers la préfecture et l’Arc de triomphe, la manifestation a emprunté un parcours un peu différent. « Nous allons aller vers Plan Cabanes par la rue de la République et la rue du Faubourg de Courreau, puis revenir à la Comédie en passant par le cours Gambetta, explique l’un des organisateurs. Ce n’est pas ce que nous voulions, mais la préfecture a avancé qu’il y aurait trop de monde ce samedi. » C’est vrai, il ne faudrait tout de même pas empêcher quelques personnes de profiter de leur liberté retrouvée avec la réouverture des bars et des commerces, au prétexte que des milliers de civils sont victimes d’un conflit que le monde choisit d’ignorer. Tellement moins pénible de détourner le regard. « Aujourd’hui c’est la foule, demain ce sera le mauvais temps… La vérité c’est que nous n’avons pas le droit de nous montrer en centre-ville. »

De nombreuses personnes avaient répondu à l’appel d’une dizaine de collectifs et associations, parmi lesquels l’Association des Palestiniens Languedoc-Roussillon, Campagne BDS France Montpellier, ou encore l’Union Juive Française pour la Paix. Au milieu des pancartes et des slogans, un drapeau géant, celui de la Palestine, tenu par plusieurs dizaines de personnes.

« Une seule solution, arrêter l’occupation »

Avant le départ de la marche, quelques prises de parole se succèdent. « Vous voyez cet enfant, il a de la chance d’être né en France. » En 10 jours, lors des dernières offensives, plus de 200 Palestinien∙nes ont perdu la vie, parmi lesquel∙les 65 enfants. Mais l’on pourrait donner bien d’autres chiffres. 1 700 raids, 5 facultés bombardées, 35 écoles touchées, plus de 1600 blessé∙es. Plus qu’un soutien au peuple palestinien, le rassemblement porte de véritables revendications. « Nous voulons qu’Israël soit jugé pour ce qu’il a fait : crimes de guerre, nettoyage ethnique et crimes contre l’humanité. »

Cependant, l’idée est aussi de sensibiliser l’ensemble de la population à cette cause. « En France, on a l’image d’un Israël qui fait quelques mauvaises choses, mais par nécessité, alors c’est pas si grave », soupire Fatima, mère de famille d’origine palestinienne. Comme si le cessez-le-feu était une solution. Faire comprendre la gravité de la situation, c’est aussi l’objectif de la mobilisation.

 « Israël a le droit de se défendre. Pour comprendre le projet sioniste, et ce que veut Israël, il faut revenir au contexte de sa naissance. Le sionisme n’est pas une excroissance du judaïsme. C’est une idéologie coloniale, nationaliste et donc raciste, née en Europe pour régler le problème de l’antisémitisme européen. Il se sert du judaïsme pour alimenter un mythe messianique où le Moyen-Orient leur aurait été donné. C’est ce qui justifie le nettoyage ethnique de Jérusalem et la colonisation de la Palestine. » – Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

 

« Israël assassin, Macron complice »

La manifestation s’ancre aussi dans un contexte national. « Comment expliquer que la France adhère à l’idéologie sioniste, si ce n’est pas son idéologie coloniale ? » Idéologie encore soutenue en France. Ces événements ont d’autant plus de répercussions que le 6 mai dernier, le syndicat France Police – Policiers en colère publiait une lettre ouverte à Emmanuel Macron dans laquelle il demandait de « procéder au bouclage des 600 territoires perdus de la République, y compris avec le renfort de l’Armée, en contrôlant et en limitant les entrées et sorties de ces zones par des checkpoints sur le modèle israélien ». Des mots que les militant∙es n’ont pas hésité à dénoncer.

« C’est aussi parce que ça rapporte du fric de soutenir Israël, souffle Kaïna, entre deux salves d’applaudissements. L’argent de la vente d’armes a plus de valeur aux yeux de la France que les vies humaines. »

« L’idéologie coloniale se traduit aussi en France avec un rejet des arabes et des musulman∙es sur le même modèle que la politique d’Israël : la loi dite séparatisme. Notons d’ailleurs que « séparatisme » en anglais donne « apartheid ». »

Quoi qu’il en soit, c’est après plus d’une heure de marche que le cortège intergénérationnel est arrivé place de la Comédie. Alors qu’il faut plier les drapeaux et ranger les pancartes, il reste encore la musique. Un petit groupe se forme et certain∙es se mettent à danser. Sous le regard des 4 camions de CRS garés un peu plus loin, les militant∙es se quittent enfin. Le rendez-vous est fixé à lundi pour une réunion d’information. Alors qu’un drapeau est toujours accroché à une rambarde, un slogan raisonne : « Palestine vivra, Palestine vaincra ».







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