Alors que la chaleur d’un soleil franc se fait enfin sentir à Montpellier, plusieurs centaines d’étudiant·es et leurs soutiens se sont réunis ce mardi 16 mars sur le parvis de l’Opéra Comédie en début d’après-midi, pour une manifestation qui s’inscrivait dans une journée de mobilisation nationale visant à dénoncer la précarité touchant la jeunesse, et à réclamer un plan d’urgence en sa faveur.
Depuis la fin du mois de janvier, lorsque des mobilisations médiatisées ont pointé du doigt la catastrophe à la fois sociale, économique ou psychologique que traversent les multiples strates estudiantines, après les effets d’annonce du gouvernement, rien ne semble avoir changé pour les étudiant·es victimes d’une année “fantôme” : toujours la même détresse pour nombre qui ne peuvent plus étudier décemment, travailler, parfois se loger, trop souvent se projeter dans un quelconque avenir.
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La séquence médiatique impulsée en grande partie par la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal autour de l’islamo-gauchisme n’aura pas suffi à dissimuler la faiblesse de la réponse politique engagée : repas à un euro au Crous, aménagements souvent décriés entre présentiel et distanciel, “chèque-psy”… Alors que le gouvernement a profité de l’aphasie sociale de la crise sanitaire pour mener à bien une nouvelle étape de la libéralisation de l’enseignement supérieur avec sa LPPR, il se garde bien évidemment de proposer un plan d’ampleur pour répondre à la détresse étudiante. C’est ce que sont venus dénoncer les syndicats étudiants montpelliérains, auréolés du soutien de groupes de gilets jaunes ou de collectifs tels que celui luttant contre la loi Sécurité Globale ou celui qui occupe depuis peu le Centre chorégraphique national.
Mais la mobilisation avait aussi sa propre couleur locale après que la gouvernance de l’université Paul-Valéry ait fait entériner un nouveau calendrier universitaire établissant le passage des rattrapages de premier semestre au milieu du deuxième. Celui-ci a été il y a peu voté lors d’un Conseil des études et de la vie universitaire (Cevu) aussitôt conspué par les sphères étudiantes sur les réseaux sociaux, alors que la crise sanitaire est traversée de manière chaotique par les facs (voir à ce sujet cet article très exhaustif du Poing). Le soutien du syndicat Solidaires étudiant·es à cette mesure, défendue par la présidente Anne Fraïsse, semble avoir suscité l’incompréhension ou l’exaspération d’une partie des étudiant·es présent·es, au point que des tensions ont éclaté à plusieurs reprises, dès les prises de parole et à plusieurs reprises au cours du cortège, notamment avec des membres du Scum. Les slogans d’une tête de cortège à l’animation bordélique se sont donc en toute cacophonie affrontés au lieu de s’unir, donnant l’image navrante d’une lutte politique intestine en plein coeur de la tempête qui frappe la vie étudiante, aux yeux de la presse et des nombreuses personnes venues gonfler le cortège en soutien à la cause. Dure est la lutte.
Toutefois, la manifestation du jour demeurait le message d’une jeunesse largement sur les dents et très en colère contre la décision de l’université, colère dont le feu se nourrit largement de l’inaction coupable du gouvernement, de la paupérisation massive d’une génération qui émerge dans un horizon qui se ferme. Et qui a parcouru son chemin jusqu’en l’université Paul-Valéry, dont des bâtiments administratifs ont été bloqués par les étudiant·es remonté·es, jusque dans la soirée.
Photographies : Jude Mas, Ricardo Parreira
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