Alors que le Black Friday débute seulement aujourd’hui, en raison de la réouverture tardive des commerces non-essentiels, de nombreuses actions sont menées partout en France contre Amazon et son monde. Imperturbable modèle de l’évasion fiscale, chantre de la surconsommation, très critiquée pour sa permissivité à la fraude à la TVA, la plateforme de vente en ligne concentre les griefs des militant·es écologistes et décroissant·es.
A Montpellier, le groupe ANV-COP21 a mené hier soir des actions d’affichage dans l’espace public et sur les permanences des députées Patricia Mirallès et Coralie Dubost, afin de rendre visible la complicité d’Emmanuel Macron et de sa majorité dans l’implantation d’Amazon en France. L’an dernier, avant ces temps pandémiques, c’était l’entrepôt logistique Amazon de Montélimar qui avait subi une action de blocage menée par ANV-COP21.
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Destructeur d’emplois par ses pratiques ultraconcurrentielles, et critiqué pour les conditions de travail cadencées de ses entrepôts logistiques, Amazon est de plus le champion de la délocalisation de ses bénéfices, à travers des pratiques lui permettant d’échapper le plus possible à l’impôt en France comme dans d’autres pays. Alors que la Convention Citoyenne pour le Climat a préconisé d’instaurer un moratoire sur les entrepôts de e-commerce, le manque de volontarisme politique conduit à l’expansion incessante de ceux-ci, au détriment des petits commerçants extrêmement touchés par la crise sanitaire et économique. Ainsi, une dizaine de nouveaux entrepôts Amazon sont en cours d’autorisation par l’État ou déjà autorisés comme à Fournès, dans le Gard.
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A l’heure où Jeff Bezos et Amazon sont les grands gagnants du confinement au détriment des commerces locaux, Emmanuel Macron maintient sa volonté d’écarter les entrepôts e-commerce du moratoire sur les zones commerciales, ignorant la volonté des 150 citoyens [de la Convention Citoyenne pour le Climat] tirés au sort. Et tant pis si ces nouveaux entrepôts se font au prix de la destruction de dizaines de milliers d’emplois dans les commerces de proximité, d’une explosion du nombre de produits importés, d’une évasion fiscale et d’une fraude à la TVA toujours plus massive ou du recours aux transports les plus polluants, comme le fret aérien..
Les militant·es ont donc décidé de passer à l’action et notamment en pressurisant les député·es de la majorité, dont les discours laissent à penser qu’ils se rangeront derrière l’avis du président Macron. Alors qu’un moratoire sur l’ouverture de nouvelles zones commerciales est soutenu par le gouvernement, le risque est de refuser d’inclure dans celui-ci les entrepôts de e-commerce, si chers au modèle économique de la startup nation.
Les militant·es montpelliérain·es ont récemment découvert l’ouverture d’un nouvel entrepôt logistique entièrement dédié à Amazon sur Frontignan. Si le maire de cette dernière s’est prononcé contre Amazon, les élu·es avancent souvent pour justifier ces projets les emplois créés et les retombées fiscales. Or, la multinationale est responsable de bien plus de destructions d’emplois qu’elle n’en crée, et est championne des pratiques d’évasion fiscale et de la fraude à la TVA, que l’association ATTAC a récemment estimé à plus d’un milliard d’euros en ce qui concerne les activités de la firme en France.
Bien décidé·es à agir, les militant·es d’ANV-COP21 ont donc mené cette nouvelle campagne pour demander aux élu·es de se positionner fermement contre l’implantation de nouveaux entrepôts de e-commerce, et de favoriser une législation contraignant Amazon à payer sa juste part d’impôts tout en résolvant le problème de la fraude à la TVA, qui découle de la non déclaration de nombre de ses vendeurs auprès de l’administration fiscale (selon l’enquête de Médiapart, seuls 500 seraient dans les clous sur un total de près de 25000)…
Parallèlement, le groupe Extinction Rebellion Montpellier a procédé à la “neutralisation” d’AmazonLockers, ces casiers électroniques permettant de récupérer des colis sans plus passer par les facteurs, livreurs, ou points relais.
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