DAL-HLM Montpellier s’exprime sur les expulsions du marché illégal de la Paillade

Le collectif Droit au Logement-HLM de Montpellier a publié un communiqué revenant sur les récentes expulsions du marché illégal de la Paillade, dont s’est félicité le nouveau maire Michael Delafosse. De manière pragmatique, DAL s’insurge contre ces opérations démagogiques répressives. Le collectif corrèle l’existence de ce marché à la persistance de la précarité à la Paillade, et met en lumière la question du droit à une alimentation saine pour les habitants des quartiers populaires, et notamment de l’accès aux produits bio. Même si nous ne partageons pas tous les constats et solutions proposés par ce texte, il a le mérite de répondre d’une manière claire et sensée au débat, qui a parfois pris des proportions surprenantes sur les réseaux sociaux ou dans la presse quotidienne régionale.

FRUİTS ET LÉGUMES Á LA PAILLADE

Stop aux démagogies ! Pour l’égalité d’accès à une alimentation saine ! Pour une véritable démocratie alimentaire !

Nous, aussi, nous voulons du beau, du bon, du bio !

Depuis plusieurs mois, des opérations de saisies de fruits et de légumes, vendus illégalement, se multiplient à La Paillade !

Entre cette approche répressive et les polémiques lancées par des militants politiciens en mal de cause pour défendre ces grossistes illégaux, le bien-être des habitants est pris en otage.

Les véritables questions du développement du quartier, de la précarité alimentaire et l’inégalité d’accès à une alimentation saine, au profit des habitants, passent à la trappe.

On ne peut pas défendre le développement économique de La Paillade, la redynamisation de sa vie sociale, sans soutenir les commerçants, dont certains habitent le quartier, embauchent ses habitants, le font vivre, l’ouvrent sur l’extérieur.

Les commerçants de fruits et légumes de La Paillade, subissent ainsi une concurrence illégale et injuste, alors que, eux, payent des charges, se soumettent aux contrôles sanitaires, sont confrontés à l’augmentation de la précarité de leur clientèle, à leur propre précarité pour certains, qui vivent du fruit de leur travail.

Des moyens de médiation, mobilisant les réseaux d’aide aux entreprises, les dispositifs d’insertion, l’économie sociale et solidaire, peuvent être mis en œuvre pour favoriser la mise en conformité des activités des vendeurs illégaux, dernier maillon d’une grosse chaine de distribution illégale.

Mais, surtout, nous voulons poser le débat de l’accès à l’alimentation, à une alimentation saine, au moment où les pouvoirs publics (re)travaillent un projet de rénovation urbaine, de développement du quartier, sensé l’embellir, améliorer le cadre de vie, au moment où de nombreux habitantes et habitants sont confronté(e)s à une explosion de la précarité.

En être réduit à acheter des fruits et légumes, à la sauvette, parce que moins chers, devrait davantage interpeller les acteurs institutionnels du quartier, la puissance publique, comme un milieu militant en décalage, après que le confinement du COVID a mis en évidence la corrélation des situations de mal-logement, de précarité, avec les difficultés de pouvoir s’acheter à manger pour nombre d’habitantes et d’habitants des quartiers populaires. Sans compter, qu’une alimentation saine favorise le système immunitaire, de façon générale.

Les écarts de prix, les difficultés d’accès à des dispositifs montés dans le centre-ville ou les quartiers résidentiels, la ségrégation culturelle, le déficit d’éducation à l’alimentation (malgré certains crédits alloués) éloignent les quartiers populaires d’un égal accès à une alimentation biologique ou aux filières courtes.

Comme pour la rénovation des logements, ce thème nourrit des tas d’études, des associations, sans impact réel sur le terrain, sans réponse, à la hauteur, au profit des habitants (Etudes de France Urbaine – regroupement d’élus).

Lavez vos fruits et légumes, même légaux !

72,6 % des fruits et 41,1 % des légumes de la filière légale, contrôlés de 2012 à 2016, présentaient des résidus de pesticides (Enquête 2018 – Générations futures).

La préoccupation environnementale, le droit et l’égalité d’accès à la nourriture, à une alimentation saine ne doivent plus être étrangères aux quartiers populaires.

Est-ce que, parce que plus pauvres, nous devrions être plus condamnés à la mal-bouffe, aux carences nutritionnelles, à l’obésité ou aux cancers ?

Nous demandons que le projet de développement économique de La Paillade prenne en compte, véritablement, concrètement, sincèrement, tant la nécessaire mutation du marché des fruits et légumes, des autres nourritures, que la nécessaire égalité d’accès à l’alimentation, à une alimentation saine.

Nous demandons qu’un travail soit effectué en direction des commerçants pour les sensibiliser aux filières courtes et/ou au bio, leur faciliter l’accès à des circuits où commerçants, producteurs, consommateurs s’y retrouvent, être soutenus dans leur reconversion et/ou pour la vente de produits plus sains.

Nous demandons qu’un moment et un espace soient trouvés, à La Paillade, pour assurer la distribution de produits bio et/ou filières courtes, pour permettre la vente de production issue de maraichage amateur.

Nous demandons à ce que le travail d’éducation populaire, d’éducation à la santé, à l’alimentation, menées par les associations d’habitants, associations culturelles, les clubs sportifs, clubs d’entreprises, tout le maillage associatif, soient soutenues et développées, au-delà des subventions de complaisance.

Nous saluons les rares initiatives existantes. Nous appelons à la mobilisation générale des habitants, des institutions, du milieu associatif, des acteurs économiques pour développer et soutenir la mise en place du maximum de circuits de distributions de produits bios – filières courtes, afin de les rendre accessibles aux quartiers populaires, aux habitants les plus précaires.







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