49-3, le quinquennat de la honte

On ne le voyait pas du tout venir… Depuis deux semaines, la presse capitaliste distillait parcimonieusement le sujet du 49-3 dans les esprits alors que l’épidémie du coronavirus brillait sous le feu des projecteurs médiatiques terrifiants et sinistres. Le timing ne pouvait être plus parfait et révèle le cynisme confondant de nos gouvernants qui marchent tendrement enlacés à leurs potes milliardaires possédant tous les media de masse.

En même temps, on commençait à évoquer le sujet des interdictions de rassemblement, face à la propagation du virus… Naturellement, il n’est venu à l’idée de personne au gouvernement d’interrompre le business du championnat de Ligue 1 afin d’éviter les réguliers rassemblements de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Le pays non seulement apparaît insuffisamment préparé à une telle pandémie qui va profiter bien plus aux cliniques privées et à l’industrie pharmaceutique qu’à nos hôpitaux publics surchargés et exsangues, mais en plus de cela le gouvernement n’a bien sûr pas la moindre volonté de prendre les mesures nécessaires. De toute façon, seuls les pauvres et les faibles crèveront, les véritables parias de cette vision ultralibérale qui n’a rien à envier au fascisme et peuple bien trop souvent les esprits égoïstes et cupides de nombre de politiciens. Sans parler des ultrariches.

Le gouvernement, qui a évidemment présenté son projet de réforme des retraites sur un timing très restreint, ce qu’avait souligné le Conseil d’État tout en étrillant acrimonieusement le texte, s’égosille aujourd’hui de l’obstruction parlementaire et de la lenteur que mettent les débats à traverser les 65 articles de ce projet qui va profondément bouleverser la structure démographique de notre pays. Est-on à ce point stressé de démanteler l’État social ? Sans doute la fougue de la jeunesse !

Les pauvres vont toujours plus s’appauvrir, et les riches s’enrichir, comme d’habitude en somme, mais avec cette fois une profonde destructuration de la société. Tous les secteurs vont être touchés par des conséquences sur lesquelles le gouvernement reste éhontément aveugle : avocats, cheminots, enseignants, indépendants, fonctionnaires, employés de diverses branches, étudiants, hospitaliers, ouvriers, commerçants, artisans, professions libérales, on en passe, et bien sûr sans oublier les retraités.

Aujourd’hui, Édouard Philippe a adressé une lettre aux syndicats, ne manquant pas d’étaler ses wagons de novlangue capitaliste, une véritable brochure d’agence de voyages pour nous emmener dans le monde merveilleux de l’ultralibéralisme, casino géant où l’esclavagisme et la dictature se cachent dans les rides de la Loi, et derrière des mythes individualistes jalonnés de symboles abscons et lénifiants.

Universalité, justice sociale et responsabilité sont les trois piliers sur lesquels nous construisons le système de retraite universel, conformément aux engagements du Président de la République. Je sais pouvoir compter sur les partenaires sociaux pour que la concertation qui se poursuit permette de les renforcer, au bénéfice des Français et des générations futures.

Comprenez : “Individualisme, injustice et irresponsabilité des puissants.” Après avoir formé un gouvernement de technocrates pantoufleurs issus des pires sérails économiques, avoir supprimé l’ISF, supprimé l’exit tax, baissé les APL, précarisé les chômeurs, réprimé dans le sang le peuple qui manifeste pour ses droits, et alors que les versements de dividendes des fleurons du CAC40 atteignent des records, il n’est pas à douter que l’objectif macronien demeure basé sur l’universalité, la justice sociale et la responsabilité.

Le livre de campagne du président Macron avait eu le culot de s’intituler “Révolution“, mais le mérite d’annoncer ce que ce quinquennat de la honte allait mettre en branle. Une véritable révolution, le réveil de la population face à ces élites économiques et politiques idéologiquement corrompues, décadentes et complètement hors sol, qui aujourd’hui se vautrent dans le déni de leur propre barbarie.

Le terme révolution, en astronomie, désigne la fin et le renouveau du cycle orbital d’une planète ou d’un de ses satellites. En matière d’histoire politique, on a souvent tendance à voir la révolution comme une rupture aussi violente que brève, dans une logique tectonique qui en passe nécessairement par l’insurrection. Parce que les élites, dans leur chute paniquée, activent nécessairement une réponse violente disproportionnée, la révolution, si elle n’échappe souvent pas à ces épisodes insurrectionnels, est aussi la fin d’un cycle et le début d’un nouveau.

Une révolution s’étale sur des années, et est le fondement de notre cycle politique, elle repose sur la construction d’un monde nouveau autant que sur la destructuration de l’ancien, et débute à l’éveil du premier être humain qui lutte. Elle entraîne la radicalisation du sommet et de la base de notre pyramide sociale, elle agite de ses secousses ceux qui somnolent encore dans la vase idéologique du système. C’est un phénomène inéluctable, incontrôlable, intemporel, universel. Le fonctionnement de la vie, dans son ensemble, qu’elle soit animale, humaine, végétale, matérielle ou spatiale, repose sur une révolution permanente.

Et lorsque cette proportion d’êtres humains indispensable au changement de paradigme est atteinte, une vague incontrôlable se forme, au sein de laquelle toutes les luttes et toutes les modalités d’action sont complémentaires. Face à une élite mondialisée et radicalisée qui nous entraîne vers notre extinction, la révolution en cours sera nécessairement mondiale et radicale. Le temps de l’indignation est passé, vient maintenant celui de la révolte.

 







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