Municipales : Face aux stratégies politiciennes de la REM, la résistance s’organise

Après avoir essuyé les plâtres avec une deuxième place aux élections européennes, et une année entachée par une répression inédite de l’opposition à ses politiques néo-libérales, les stratèges de la REM s’attendent visiblement à une véritable déculottée aux municipales. C’est pourquoi le ministre de l’Intérieur, chargé de l’organisation des prochaines élections, a récemment émis à l’adresse de ses Préfets, une circulaire modifiant les règles de comptabilisation des résultats électoraux.

La classification des résultats en fonction des couleurs ou partis politiques qui leur sont associés est dévolue aux Préfets, puis réunie à l’échelle nationale pour des chiffres globaux. Or, M. Castaner a demandé à ceux-ci de n’effectuer cette classification que dans les villes de plus de 9000 habitants (contre 1000 auparavant), excluant ainsi la prise en compte de tout autre résultat dans les chiffres nationaux. Le but : camoufler le camouflet, et fausser la dynamique en vue des élections régionales de 2021, et de la présidentielle de 2022, en s’appuyant sur des résultats partiels et avantageusement partiaux.

La perspective d’une véritable déculottée électorale

C’est évidemment une manoeuvre politique qui repose sur des raisons bien précises. En effet, la REM est un parti créé ex-nihilo par une ribambelle de millionnaires, de socialistes et centristes opportunistes, ainsi que de grands patrons, autour du personnage d’Emmanuel Macron et de l’éclatement du traditionnel clivage gauche/droite. Qu’une telle stratégie aux présidentielles ait fonctionné est une chose, face à l’épouvantail Le Pen, à un Fillon empêtré dans les affaires, et à un Mélenchon qui ne recueille pas l’adhésion de toute la gauche.

Toutefois, un parti, pour gagner des élections locales, doit s’appuyer sur un maillage territorial fort, un lien permanent avec la population dans sa vie quotidienne. Or, c’est précisément cela que l’on ne peut créer à partir de rien, et qui nécessite un réel effort d’implication à l’échelle locale. Parti qui repose sur quelques caciques au flair affuté, et sur des novices en politique, la REM, en plus de son impopularité naturelle, ne dispose pas de ce maillage lui permettant de remporter ces municipales, voire même d’y faire un score intéressant. Maillage pourtant indispensable afin de disposer d’un pouvoir parlementaire absolu, en faisant élire une majorité de sénateurs par nos élus locaux. Ces élections sont donc cruciales à plusieurs titres pour le projet politique porté par la REM.

C’est notamment dans nos campagnes, où les élus locaux sont souvent bien enracinés, mais où l’on sent aussi poindre un vent de municipalisme et de réappropriation de son pouvoir politique par la population, que la REM risque gros. D’où cette circulaire qui permettra de concentrer les résultats sur le tissu urbain, où le parti présidentiel a le plus de chances de faire des scores intéressants. Une façon de gonfler artificiellement les scores qui seront annoncés au soir du scrutin. Tout en excluant de la représentation nationale de ces élections, 96% des communes de notre territoire, et plus de la moitié des électeurs. Vous avez dit démocratie ?

Se cacher pour mieux gagner

On voit aussi la faiblesse politique de la REM à travers la volonté de dissimuler ses propres investitures. Depuis le mouvement des Gilets jaunes, l’opposition populaire pressurise énormément le vivier politique de la REM. Beaucoup de candidats sont en effet “soutenus” par le parti, et dissimulent sur leurs affiches de campagne leur véritable couleur. Ce statut de “soutien”, nouvellement mis en place, permet également à la REM de réunir dans ses scores, certains candidats d’autres listes, dont la couleur politique n’est pas clairement établie.

Ce sont donc les limites du coup politique que représente le parti présidentiel qui sont en train d’apparaitre. Et sur lesquelles viennent appuyer des opposants en perturbant les cérémonies des voeux des candidats LREM, notamment ceux qui dissimulent leur investiture, ou en organisant des actions de protestation dans leurs permanences.

Face à ces manipulations grotesques et ouvertement assumées, une carte interactive a aussi été mise en ligne sur les réseaux sociaux, et permet de faire le point sur ces candidatures, soutiens ou investitures qui ne disent pas leur nom, pour éviter le risque d’émettre une voix sans le savoir en faveur du parti présidentiel. Vous pouvez la retrouver en cliquant sur le lien ci-dessous.

https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1jZx-vCMTIvDgvBSV_vwMtYdyUw9ee1xh&hl=fr&ll=47.51245914517904%2C4.419592004989113&z=6&fbclid=IwAR04dWG_XWqcSAZ2IbjNoMpva4bNrZ_vDjdqhDUMoPN7RQvT8S4onZPSYUU

 







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