Trois observatrices de la LDH placées en garde à vue lors du G7

Selon nos informations, trois observatrices de la Ligue des Droits de l’Homme, dont deux de la LDH Montpellier, et l’une membre du comité central de la LDH nationale, ont été placées en garde à vue à 17h pour “participation à un attroupement en vue de commettre des dégradations”, alors qu’elles effectuaient une mission d’observation lors de la manifestation anti G7 se déroulant entre Hendaye et Irun, ce samedi 24 août 2019.

L’arrestation des observatrices par des “voltigeurs” (BRAV-M) s’est produite sur une place très calme, alors que tous les autres contrôles s’étaient bien déroulés.

Non seulement siglées et aisément reconnaissables, comme toujours en terrain de manifestations, elles disposaient de plus d’un mandat d’observation émis par la LDH Montpellier. Aussi, les forces de l’ordre ne pouvaient qu’être au courant de la mission d’observation de la Ligue des Droits de l’Homme et ces placements en garde à vue semblent donc répondre à une volonté d’empêcher le rôle d’observateur indépendant de la LDH en rapport au maintien de l’ordre.

MAJ: Les observatrices sont ressorties de garde à vue après 24h. Le procureur de la République, dépendant du pouvoir exécutif, leur a infligé un rappel à la loi, ce qui n’est pas considéré comme une peine pénale mais entraîne un fichage et peut être mis dans les antécédents judiciaires en cas de nouvelle interpellation. Il n’y a pas de recours direct possible. Cette façon de procéder pour l’État consiste ainsi à ficher les opposants politiques (TAJ), contestataires ou militants, et à exercer une forme de pression coercitive sur leurs engagements.

Contactée, la LDH Montpellier dénonce ces atteintes à la liberté d’informer et d’observer, et s’indigne du placement en garde à vue de ces observatrices. D’autant plus qu’une des deux observatrices montpelliéraines concernées avait déjà été placée en garde à vue et inculpée au motif d’ “entrave à la circulation” pour avoir couvert le blocage d’une autoroute lors de l’acte 21 des gilets jaunes à Montpellier, et passera en procès au mois d’octobre.

De plus, le compte twitter d’Amnesty France annonçait que le même jour, ses observateurs ont été arrêtés, fouillés puis bloqués sur un parking pendant plus de deux heures par les forces de l’ordre, les empêchant d’exercer leurs prérogatives citoyennes.

Rappelons que vendredi 23, alors que la nuit tombait, le camping anti G7 a été violemment attaqué et encerclé par des forces de la police nationale et de la BAC, tandis que des militants sur place insinuaient que le réseau téléphonique avait été préalablement brouillé, empêchant toute retransmission en live des événements. L’intervention avait donné lieu à douze blessés légers et à 17 interpellations.

Le journaliste Taha Bouhafs a relaté les événements et précisé qu’il s’était alors vu confisqué son matériel de protection. Autant d’éléments qui permettent de cerner la volonté du pouvoir d’obscurcir ses agissements en matière de maintien de l’ordre, alors que le contre-G7 mobilisait des milliers de militants venus du monde entier.







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